30 déc. 2002

Lampang Luang, bistrot


Au bistrot again. Le vieux patron est américain. Il a vécu dans 35 pays, né à Pittsburgh, travaillé pour Lockeed, déjà fait faillite une fois en Thaïlande, deux enfants en tôle pour trafic de drogue, son père dans les quatre-vingt-dix ans aux Etats-Unis. On converse. On parle de l’année thaï, des frais d’établissement d’une affaire, de l’âge du pipal du temple.
Le patron : « Forty years he had to be enlightened…”
Ma : “Fourteen years to get the license. Oh yes it is very long!”
“No, to be enlightened!”
“Yes, to get the license.”
“ No, the Buddha, to be enlightened !! ”
“Oh yes!” comprend-elle enfin illuminée.
Parfois plus facile de comprendre le thaï que l’accent de Pittsburgh chuchoté par une gorge soignée par Philip Morris et le whiskey du Kentucky.

Vat Prah Tat, Lampang Luang


Lundi 30, 
Vat pour temple , Prah pour Bouddha, Tat pour cheveux
Plus « Bodnath » au Népal que tous ceux que nous avons visités jusqu’ici. En ce jour de congé, beaucoup de visiteurs locaux, surtout des fidèles qui prient, qui se font photographier en groupe devant les autels. De temps à autre, une cloche unique grave et fêlée sonne. Une seule note. Jusqu’à ce qu’une autre, plus haute, prenne le relais puis s’arrête sur on ne sait quel code, aléatoire comme le vent. Un moine, intrigué, regarde ce que j’écris, me dit quelque chose. On se sourit sans se comprendre. Les sandales de Ma sont toujours là-bas vers le chedi énorme.
Deux statues habillées en sorte de pères Noël, étoffes rouges y compris sur la tête. Les gens écrivent sur de grands bandeaux d’étoffe jaune en rouleaux qui seront un jour drapés autour du Chédi.

A la différence de Bodnath où les fidèles qui tournent inlassablement autour de l’immense stupa sont des moines et des personnes modestes, certains rampant même sur des sabots de bois fixés à leurs mains, les gens d’ici tournent une seule fois, les mains jointes, en costume de faux Gucci, en tee-shirt et jeans, vidéo numérique en bandoulière.

Midi, les bus se vident de leurs passagers.

Midi et demie, ils repartent.


20 déc. 2002

Riverside Pub, Lampang

L’orchestre de trois musiciens attaque une vieille romance européenne adaptée à leur sauce. Deux guitares sèches et une sorte de violon vertical électrisé sur noix de coco. Casquettes de baseball et stetson texan, ils sont super look. Le violoniste est une sorte de Grapelli thaï. La base de l’instrument est appuyée sur sa cuisse. Pour changer de corde, il fait tourner l’axe vertical, l’archet horizontal restant parfaitement droit.


Plus le soir avance, plus je suis content. Je ne rentrerai plus jamais en Helvétie. La journée, je cuverai dans les temples, le Chivas ingurgité la veille dans les boites qui dominent la Nam Ping si miquelette le jour. Mais la nuit, on ne l’a voit plus et les pleurs de guitare électrique lui font prendre des allures d’Irawady. Plus bas sur la terrasse, les thaïs en congé et en goguette festoient, les téléphones mobiles en trêve posés tous du même côté des tables. 


19 déc. 2002

Lampang, bouts de temples




Chedi or not chedi
Pépère dans un temple de Lampang. Vaste – ombre – moinillons - Coca-Cola – toilettes – de rares fidèles du coin – je me sens fugacement une vocation de moine siamois – ah ! J’oubliais : roucoulement de pigeons, coqs – dans le musée, deux gars discutent et le gardien gratte un instrument à cordes. 

Au Pronpinom, Cha Am

Traîné au Pronpinom tenu par un couple anglo-thaï et Lek, la charmante petite sœur qui bosse toute la semaine ici et fait ses études de « Human Resources & Management » les week-ends à Petchaburi. Elle aime discuter en anglais avec les touristes pour s’entraîner et elle est vraiment sympa. Chaque jour, nous y glanons notre leçon de thaï. Aujourd’hui, please = karuna et WC/toilettes/douches = HONGNAM (cas échéant SUKA). 
Vers le bar au-dessus de la TV, il y a un petit temple sur une étagère dorée. Mais oui, on a beau écarquiller les yeux, regarder dix fois, s’y reprendre le lendemain à jeun, c’est bien un beau zob qui y trône, avec un prépuce bien modelé et une sorte de nœud papillon noué autour du frein! Il est entouré  de fleurs et de baguettes d’encens. Ma suppose qu’ils sont adorateurs du zob d’éléphant mais nous ne nous sentons pas encore assez intimes pour poser la question. D’autant plus que les portraits du roi et de la reine sont collés juste sous l’autel.


18 déc. 2002

Cha Am

Bordée de grands tamaris, plage sur des kilomètres avec très peu de gens et quasiment que des thaïs qui y pique-niquent. Il suffit de s’asseoir sur une natte et d’acheter à manger aux multiples marchands qui sillonnent la plage. C’est un bel endroit. Tourisme local doux et épars. Peu de gens parlent anglais, lettres latines absentes. Plage grecque des années trente ? Quelle contraste avec Petchaburi, à l’intérieur des terres et bordure de jungle qui n’est qu’à ¾ d’heure de route. Ni parasols, ni chaises longues, juste la nature et suffisamment de monde et de magasins pour ne pas s’ennuyer et n’avoir ni soif ni faim.


17 déc. 2002

5ème jour sans fromage


Petchaburi, bistrot


« Rabiengrimnum », pension resto recommandée par Lonely Planet. Accueillant îlot de charme où l’on est allé déjà dix fois sur d’autres continents. Terrasse sur la rivière, volets
de bois, ventilateurs, Simon & Garfunkel, carte en anglais, photos de Gandhi et de Paul Anka. Au croisement d’Ubud, le café sur la jungle, le Honest Osie, dans cette ville de l’Arizona au sud d’Arches National Park dont je ne me souviens plus du nom. Ah oui, Moab ! Des endroits paisibles où l’on fait tout pour qu’on se sente chez soi. Comme à Ios, au bout de Milopota Beach, chez Anna. Bien sûr, les problèmes émergent, mais on sent qu’on finira par les résoudre : les stupas et temples sur la colline que Ma voudra inévitablement visiter, la salade verte sur le plat de nouilles sautées que l’on n’ose manger ou les premiers toilettes vraiment thaïs (sans papier) par lesquelles il faudra bien passer avant demain. Voilà, je savais bien que ça me rappelait aussi un autre endroit, c’est ce bistrot de Luang Prabang où nous nous retrouvions tous les soirs mais qui était plus authentique : il ne passait pas de tubes amerloques des seventies comme ici.


- ça te dirait d’aller faire un tour dans la jungle ? Ils offrent de bonnes conditions ici, lâche-t-elle en feuilletant négligemment un prospectus.
- …
- On a de la chance, ce n’est plus la saison des sangsues.
Je savais bien que cette harmonie serait éphémère. Pour m’encourager à l’aventure, Ma me lit des extraits du livre d’or du resto sur la virée en jungle :
« …I  am  just   proud   to   have    survive »
“… On  a  passé  son  temps  à  se  mouiller.”
«…Vu      beaucoup    de   traces   d’animaux   mais   pas    d’animaux,    sauf   des  sangsues. »
« …Après la lotion anti moustiques du guide, tu n’as plus besoin de te raser à vie. »





Dessin de Ma :

16 déc. 2002

Petchaburi, street

Debout à un carrefour, il y avait du monde et des véhicules, que j'ai sucrés par facilité...

15 déc. 2002

Petchaburi, wat yai suwannaram

Le toit est en réparation. Des ouvrières acrobates y travaillent, le visage entouré d’étoffes pour se protéger de la poussière. On dirait des bédouines.

A l’intérieur, un photographe italien prend des clichés pour National Geographic. Par hasard, en fermant un volet pour régler la lumière, il découvre sur sa face intérieure, une fresque ancienne qu’il recherche depuis des années. Il nous conseille un temple khmère du royaume d’Angkor au Cambodge, mais à ras la frontière, qu’on pourrait visiter sans visa depuis la Thaïlande. C’est le Prasat Phra Viharn, au sud de Sisaket. Il a fait un livre sur Angkor et dit que ce Prasat est magnifique.


15 mai 2002

retour à Cordoue

au bas d'un rapide sur le Guadalquivir, il ne bougeait pas d'une plume, attendant le poisson comme un chat le mulot